Le trésor postal du musée de la communication de La Haye

Par LaPlume

Nous connaissons les correspondances de madame de Sévigné ou d'autres personnages illustres. Même si ces lettres n'ont pas été écrites pour cela, elles nous en apprennent beaucoup sur notre histoire. Dernièrement le musée de la communication de La Haye au Pays Bas a fait une incroyable découverte : une malle remplie de lettres datant de la fin du XVIIe siècle. Cette trouvaille nous montre une fois de plus l'importance de la correspondance.

Une malle contenant 2600 lettres du 18ème siècle
© Signed, Sealed & Undelivered Team, 2015–2016. Courtesy of the Museum voor Communicatie, The Hague.

Une malle aux trésors

David van der Linden, de l’université de Groningue, historien néerlandais spécialiste des huguenots français aux Pays-Bas, a fait resurgir un vieux coffre de la réserve du musée, dans l’espoir d'y trouver des pièces intéressantes pour son travail. Et il a eu raison.
La malle contenait 2600 lettres, jamais livrées, envoyées de France, d'Espagne et des Pays-Bas espagnols entre 1689 et 1706. 600 lettres sont encore fermées. Si savamment pliées qu'elles ne pourront être explorées que par des techniques modernes, comme le rayon X, pour ne pas les abîmer et pour garder le pliage intact.
Oui à l’époque point d'enveloppe, les lettres étaient pliées puis cachetées de cire.

Lors d'une interview pour France Culture, David van der Linden appelle les bonnes volontés qui voudront bien participer à la transcription des lettres afin de pouvoir les diffuser, notamment sur le site Brienne.org
Un petit trésor qui en apprendra beaucoup sur l'histoire avec un grand H, sur l'histoire d'une ou plusieurs personnes mais aussi sur l'histoire de la correspondance.

Lettre pliée 18eme siècle Musée de la communication de l'Haye
© Signed, Sealed & Undelivered Team, 2015–2016. Courtesy of the Museum voor Communicatie, The Hague.

La correspondance au service de l'Histoire

La majorité des lettres sont écrites en français puisque la malle appartenait à Simon de Brienne, un maître de poste chargé de l'acheminement des lettres en provenance de France.
En ce temps là, il n'y avait pas de timbre, le maître de poste recevait le courrier et était payé seulement après l'avoir délivré.
Parfois il ne pouvait pas livrer les lettres. Les expéditeurs n'avaient pas forcement d'adresse exacte : pas de numéro, pas de rue. Simon de Brienne appelait sa malle « La Tirelire », et l'a certainement gardé dans l’espoir d'être payé un jour. La famille Brienne a ensuite conservé les lettres qui ont finalement été oubliées dans la réserve du musée de la communication de l'Haye.

Ces lettres sont importantes pour le travail de David van der Linden. Certaines relatent le vécu des huguenots. Les huguenots sont les Français protestants qui fuyaient le pays après la révocation de l’édit de Nantes, un texte qui accordait des droits aux protestants. En 1685, la pratique du culte protestant devenait alors interdite et les huguenots arrêtés.

Des lettres importantes également parce qu'elles nous en apprennent beaucoup sur l'histoire de la correspondance. En effet certaines lettres n'ont jamais été ouvertes et même si elles se ressemblaient en apparence, étaient uniques dans leur façon d’être pliées. Sorte de signature de l’expéditeur mais aussi moyen très sûr de savoir si la lettre avait été lue par une tierce personne. A l'instar des notices de médicaments qu'on n'arrive jamais à replier correctement même avec la meilleure volonté du monde...

Bref une découverte qui ouvre de nouvelles perspectives, les historiens s’étant, jusqu'à présent, toujours intéressé au contenu et non pas à la forme des lettres.

Par LaPlume, admin du site